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«Visible et mobile, mon corps est au nombre des choses, il est l’une d’elles, il est pris dans le tissu du monde et sa cohésion est celle d’une chose. Mais, puisqu’il voit et se meut, il tient les choses en cercle autour de soi, elles sont une annexe ou un prolongement de lui-même, elles sont incrustées dans sa chair, elles font partie de sa définition pleine et le monde est fait de l’étoffe même du corps.» (Merleau-Ponty)

lijfstof est un spectacle du corps et sur le corps. Le spectacle est né d’une recherche conduite sur l'incorporation du corps et des choses, dans le but de parler de nous-mêmes, du corps, de l’être humain et de la façon dont il existe et réagit au monde. Comme un dessin d’enfant, le spectacle est construit d’images créées impulsivement, auxquelles différentes significations peuvent être attribuées. Ainsi, le corps est réduit à un morceau de chair, mis en boîte comme une chose. Seul demeure l’essentiel: le corps est une enveloppe de peau avec une masse en dessous. Dans son entièreté, il comprend un torse, une tête, deux jambes et deux bras, dix orteils et dix doigts. Cette image est notre référence. Mais elle est en fait étrange, en même temps répugnante et belle, fragile… Nous pensons aussi connaître le corps en tant qu’outil, mais ses mécanismes ne nous sont pas toujours évidents. Nous pourrions nous émerveiller infiniment sur notre corps. Sur nos bras, par exemple, intermédiaires entre nous-mêmes et le monde. Ils peuvent manipuler les choses selon notre volonté. Mais les choses aussi laissent des traces sur nous: des lignes rouges, témoins silencieux du contact avec les choses.

Tout comme les choses, les hommes ne constituent qu’une partie du monde, dans lequel leur place est déterminée par les systèmes de la société. Ils sont capables de communiquer entre eux suivant certains codes. Mais cet essai de communication reste incomplet et dépendant de l’interprétation que l’on en fait. Les gens sont invisibles sous leurs emballages, leurs déguisements, mais en même temps ils sont ces emballages. Et cette contradiction nous laisse dans la confusion.