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De Standaard Review - 16/11/2015
Somnambules de la mémoire
16 NOVEMBRE 2015 | Charlotte De Somviele
 
Comment danser l’oubli ? En voyant un proche sombrer dans la démence, Ugo Dehaes a su qu’il devait faire un spectacle sur ce sujet. Au lieu de se concentrer sur les émotions provoquées par le processus d’une telle maladie, il a exploré comment la décrépitude résonne dans le corps. Comment Alzheimer regimbe, bruit, désoriente. Véritable ouragan, Dehaes, flanqué de Charlotte Vanden Eynde et de Kayoko Minami, tourbillonne sur scène. Ils se heurtent, mais sans vraiment se sentir. Leur esprit semble détaché de leur corps.
 
L’aile métallique d’avion suspendue dans les airs est immobile mais menaçante, elle jette l’ombre de barreaux au sol. Peut-être est-ce la sensation que donne la démence : être prisonnier dans le tourbillon du temps, errer en somnambule solitaire dans sa propre mémoire, sans savoir quel souvenir va ‘frapper’, ni pour combien de temps. Minami se bat contre son ombre sur le mur, dont elle ne reconnaît plus le visage. Vanden Eynde roule des hanches en hésitant, va et vient sur des talons imaginaires, comme si elle voulait se souvenir comment c’était d’être une femme.
 
DMNT louvoie entre l’arrêt brusque et l’accélération incontrôlée. Cette dynamique fait pencher le spectacle vers l’unilatéralité, d’autant plus que la chorégraphie se compose principalement de mouvements synchrones et que la relation entre les danseurs manque un peu de tension. Le cadre transparaît encore un peu trop à travers la danse. DMNT colle à la peau d’une pathologie lisible, ce qui permet de s’identifier à la démence. C’est bien pour cela que DMNT ne doit pas seulement monter sur scène, mais doit aussi aller vers ceux qui mènent ce combat. Pour ceux qui vivent dans un tel isolement, cette reconnaissance doit être une grande consolation.
 
Vu le 13/11 au Monty, Anvers. En tournée jusqu’au 23 avril 2016.

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